Honoré Daumier, le ventre législatif, 1834

Le « mal français » pour Alain Peyrefitte, est en réalité connu dans toutes les démocraties libérales, mais il est vrai beaucoup plus marquée en France qu’au Royaume Uni (où il reste moins virulent). La France est souvent analysée comme un pays fasciné par la figure de l’homme providentiel » (notamment sous la forme du sauveur en uniforme) ; il faut noter que les 4 premières républiques se sont soldées par l’avènement d’un homme providentiel.

Mais de quoi parle-t-on avec le mot « antiparlementarisme » ? Peut-on comparer celui de la monarchie de juillet, des années 1930 ou de De Gaulle ? Une approche chronologique est donc indispensable.

La naissance du mot

D’après le Dictionnaire historique de la langue française, la création du mot devient à Maurice Barrès(1862-1923), député sous la IIIème république. Ce polémiste à la plume acérée, figure de proue de la droite nationaliste, parle du « palais du mensonge » pour nommer le palais Bourbon, expression à rapprocher du « palais bourbeux » très fréquemment employé dans la presse de la IIIème république qui parle aussi, pour nommer la chambre des députés d’« aquarium », de « bocal », etc.

Comment classer les antiparlementarismes?

Tout d’abord chronologiquement: simplement en distinguant les antiparlementarismes de régimes républicains ou monarchiques. Si ce classement s’avère clair, il ne permet cependant pas une compréhension en profondeur du phénomène antiparlementaire, et surtout, ne traite pas les motifs de l’opposition au parlement.

Plus utile: en distinguant trois formes d’antiparlementarisme:

  • La critique de nature systémique, rejet du parlementarisme en tant que tel pour diverses raisons, mais qui convergent vers le refus de toute forme de représentation, de délégation de souveraineté
  • La critique des abus, des faiblesses, des lacunes du système dont on entend améliorer le fonctionnement pour le rendre plus représentatif ou plus performant
  • La critique de certains parlementaires dont le comportement est analysé comme inadéquat au regard de leurs obligations, et du pouvoir qui leur est confié par les citoyens.

Ces trois formes peuvent s’opposer, se recouper, se superposer… Mais toutes ne semblent pas s’opposer aux valeurs et principes de la république.

Exemples :Daumier : « ventrus », « goulus », pansus », budgétivores », « vautours », « loups garous », …   Est-il antiparlementaire (1èreforme) ? OU critique-t-il un déficit démocratique dans un régime fond sur un suffrage censitaire (2èmeforme) ?

Honoré Daumier, Idylles parlementaires (série de lithographies) 1850-1851

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