
Le 27 septembre 2021, le Petit Robert a fait entrer dans son dictionnaire en ligne le pronom « iel » qui a engendré une polémique de grande échelle. Le député LREM François Jolivet a immédiatement exprimé son désaccord dans une lettre à Mme le Secrétaire perpétuel de l’Académie Française, entraînant dans la foulée un tweet de soutien au député du ministre de l’Education nationale Jean-Michel Blanquer. S’en est suivie une multitude d’articles, tweets et débats télévisés qui divisent l’opinion publique. Cette polémique semble néanmoins plus vaste et ancienne qu’il n’y paraît. En quoi consiste plus précisément ce combat d’idéologies ?
Une polémique plus vaste et ancienne qu’il n’y parait
Si le pronom se veut par définition neutre et non-genré, il s’inscrit dans l’histoire de la féminisation de la langue française. Ce débat a pris la forme d’un conflit qui dure depuis plusieurs siècles. La portée de ce débat est-elle simplement linguistique ou le problème est-il ailleurs, plus profond ?
Le sujet amène notamment la question de la place des femmes dans la société et du féminin dans la langue. Julie Neveux, maîtresse de conférence en linguistique à Sorbonne-Université, utilise d’ailleurs le terme de « langage non-sexiste » pour qualifier les propositions récentes d’évolution de la langue (écriture inclusive, pronom iel, etc.).
Avant le XVIIe siècle, les mots féminins désignant les professions étaient utilisés couramment dans la langue française, comme autrice, ambassadrice… Un fait confirmé par l’historienne de la littérature Eliane Viennot. De même, à la Renaissance, la langue française employait la “règle de proximité” : on accordait le genre et le nombre de l’adjectif avec le plus proche des noms qu’il qualifiait. (Ex: « ces trois jours et ces trois nuits entières » Racine, Athalie, 1691).
Cette période passée, les femmes ont perdu à partir du XVIIe siècle un statut dans la société et notamment dans le monde professionnel. La féminisation des noms de métiers a peu à peu été supprimée : « Cela relève d’un désir de supprimer le sexe féminin des postes importants » selon Bernard Cerquiglini, linguiste et professeur émérite à l’Université de Paris, « le but était d’exclure les femmes de l’espace publique ».
Cela s’explique par le renforcement du pouvoir monarchique à cette époque. La langue utilisée par le peuple devait être construite sur le modèle de celle parlée auprès du roi (langue de la Cour). Le but était d’unifier le royaume et contrôler les esprits à l’aide de la langue. Les grammairiens furent alors chargés de créer de nouvelles règles pour la langue française sous l’autorité d’un monarque en quête d’absolutisme.
C’est dans ce contexte politique que l’Académie Française vit le jour en 1634, dont les statuts sont éloquents : “La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences”, stipule l’article XXIV.
La règle de supériorité (du masculin dans les accords), ou « règle de primauté », fut édictée pour la première fois en 1647 par Claude Favre Vaugelas, baron de Pérouges et grammairien à l’Académie Française dans son ouvrage Remarques sur la langue françoise, utile à ceux qui veulent bien parler et bien l’escrire. Elle explique que “le genre masculin étant le plus noble, doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin le trouvent ensemble, mais l’oreille a de la peine à s’y accommoder, parce qu’elle n’a point accoutumé de l’ouïr dire de cette façon.”
Cette règle nouvelle provoqua l’opposition des femmes de la Cour mais Vaugelas espérait tout de même une acceptation de la règle par l’usage : “Néanmoins puis que toutes les femmes aux lieux où l’on parle bien, disent, la et non pas le, peut-être que l’usage l’emportera sur la raison et que ce ne sera plus une faute”.
La féminisation de la langue française soulevait donc déjà des enjeux sociaux plus importants que la simple question de l’orthographe.
“Le genre masculin étant le plus noble, doit prédominer toutes les fois que le masculin et le féminin le trouvent ensemble… »
Claude Favre-Vaugelas, 1647.
La (re)féminisation contemporaine de notre langue a d’abord commencé dans les pays francophones, spécifiquement au Québec dans les années 70, au cours des « révolutions tranquilles ». « C’est la première fois dans l’histoire de la langue qu’un changement linguistique commence en dehors du berceau de la langue », souligne Bernard Cerquiglini. Les femmes québécoises ont repris des droits et leur place dans des professions importantes et ont décidé de renommer leurs métiers au féminin et de se refaire une place dans la société. Le mouvement s’est ensuite diffusé en Belgique, en Suisse mais s’est arrêté aux frontières de la France en raison du « purisme massif qui est fondé sur une ignorance absolue du fonctionnement de la langue et de son histoire », se désole le linguiste.
Aujourd’hui, des changements récents se font sentir dans notre langue. L’Académie française, qui a longtemps été contre cette féminisation, a cédé aux revendications d’intellectuels et de linguistes et les mots féminisés réapparaissent. Toutefois, certains ont encore du mal à s’intégrer dans notre langue.
Un combat politique… et idéologique
En plus d’être un débat socio-linguistique, la féminisation de la langue française est un sujet très controversé au sein du monde politique en France, notamment à propos de l’éducation.
Hélène Carrière-d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française, a ainsi déclaré : “l’écriture inclusive, si elle semble participer de ce mouvement {le féminisme}, est non seulement contre-productive pour cette cause même, mais nuisible à la pratique et à l’intelligibilité de la langue française.” Elle est par la suite citée dans une circulaire de Jean Michel Blanquer datant du 5 mai 2021. Pour ce dernier, cette forme d’écriture met les élèves en difficulté dans l’apprentissage de la langue.
Cet avis ne fait cependant pas l’unanimité. Le linguiste Christophe Benzitoun, enseignant chercheur à l’université de Lorraine, dénonce ce sujet comme étant une “diversion”. Selon lui, le véritable problème réside dans le fait que “les responsables politiques refusent de voir la langue écrite évoluer et c’est là le nœud des difficultés des élèves.”
D’après François Jolivet, député de l’Indre, l’initiative prise par le dictionnaire « Le Robert », un dictionnaire privé, est une menace : ce genre d’initiatives aboutit selon lui à une « langue souillée ». Il parle de « valeurs menacées », mais de quelles valeurs s’agit-il ?
D’un côté l’unité de la nation. Cette décision prise par le petit Robert est pour lui un moyen de diviser la population « qui désunit ses usagers plutôt que de les rassembler » . De l’autre côté, d’autres valeurs comme la famille, suivant un modèle hétérosexuel, s’étant imposé comme la norme : un père (chef de famille), une mère, des enfants. On note donc une confusion entre valeurs républicaines et d’autres plus traditionnelles et conservatrices.
Dans sa lettre à Madame le secrétaire perpétuel de l’Académie française (ce qui est ironique!), le député Jolivet dénonce donc la destruction de nos valeurs au sens large, mais sans argumentation réelle. Les partisans de cette opinion parlent d’un signe d’invasion de l’idéologie « Woke » en France, mettant en péril nos valeurs. Ils dénoncent également, on l’a vu, un manque de praticité pour les élèves du primaire apprenant la langue, accentuant par conséquence la “destruction” de celle-ci. Mais là où François Jolivet parle de destruction, d’autres parlent de protection.
Pour les défenseurs du pronom, ce nouveau mot est un moyen d’éviter la confusion et de se montrer plus égalitaire lorsqu’on parle d’un groupe. Cela permet aussi aux personnes non-binaires (personne ne s’identifiant pas au genre qui lui a été attribué à la naissance) d’être reconnues. De plus, un mot est créé et utilisé si le besoin en est ressenti, il a donc lieu d’exister. A partir du moment où un mot est utilisé à une certaine fréquence, il est existant sur le plan linguistique. Certains psychanalystes, linguistes ou philosophes comme Hegel affirment que pour comprendre le monde nous avons besoin de mots. “Le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie” – (Hegel, Philosophie de l’esprit, § 463, 1897).
A la lecture de ce débat, on observe parfois une confusion entre les notions de langue et de citoyenneté, une confusion entre français et francophones. Ainsi, dans le Figaro (19 novembre 2021), Jean-Marie Rouart, membre de l’Académie française, affirme : « Une langue comme l’appartenance à un pays, c’est un bien commun » . On peut s’interroger sur cette comparaison : la citoyenneté, soit un ensemble de droits et de devoirs, ne fonctionne pas comme la langue. Une langue n’est à priori la propriété ni de l’État, ni d’une personne ou d’une nationalité. Comme nous l’avons vu ci-dessus, François Jolivet parle de destruction de valeurs françaises, on comprend dans ses propos qu’il parle de la fraternité, une valeur fondatrice de la République.
La citoyenneté, soit un ensemble de droits et de devoirs, ne fonctionne pas comme la langue
Jean-Marie Rouart, choisit dans son article un vocabulaire particulier. Les mots « sacrifice » et « frustration » constituent un lexique que l’on retrouve d’avantage au sujet des demandes de naturalisation, ou pour aborder les difficultés d’assimilation voire d’intégration des nouveaux citoyens issus de l’immigration, lors du processus de demande de nationalité. Encore une fois, nous faisons face à une confusion entre nationalité et langue.
Le Wokisme, voilà l’ennemi!
Mais quelle est vraiment cette “idéologie” qui mettrait en péril nos valeurs?
“Woke”. Ce nouveau mot a fait son apparition ces derniers mois dans le paysage médiatique français. Cependant la définition en est encore très floue.
A l’origine, être “woke”, c’est être en alerte face aux injustices et à toutes les formes d’inégalités ou d’oppressions qui pèsent sur « les minorités ». C’est le mouvement afro-américain pour les droits civiques qui a fait naître ce terme avec l’appel de Martin Luther King qui, en 1965, demandait à la jeunesse de « rester éveillée » (« awake ») et à « être une génération engagée ». On peut parler d’acte de naissance de revendications « woke », qui s’inscrivent à cette époque dans une suite de mobilisations politiques de la jeunesse. Le terme fut ainsi créé dans un contexte d’injustices et d’inégalités sociales. C’est ensuite le soulèvement des femmes qui vint se joindre à cette notion. En effet, les femmes ont toujours eu une place importante dans les manifestations, d’autant plus qu’elles se sont imposées dans les rues en lançant la deuxième vague féministe dans les années 1960. Le terme, qui désigne ainsi une lutte anti-raciste et anti-sexiste menée par la jeunesse, compte une soixantaine d’années, et n’est donc pas nouveau.
Cependant, aujourd’hui il n’y a plus une cause unique attachée au “woke”. Comme l’explique Pap Ndiaye, professeur à Science-Po et spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis, il désigne actuellement un ensemble de causes que l’on peut schématiser par « un grand triangle militant » toujours porté par la jeunesse mondiale :
- l’antiracisme, revenant en force avec l’assassinat de Georges Floyd en 2020 ;
- la lutte pour La Défense de l’environnement, avec comme figure principale Greta Thunberg ;
- et enfin l’égalité homme-femme qui prend de nouvelles formes depuis l’apparition du #Metoo.
A travers ce triangle, ce sont les revendications politiques de la jeunesse qui font surface. Contrairement au Black Power dans les années 1960 qui était structuré idéologiquement par le marxisme, le mouvement “woke” ne possède pas d’idéologie majoritaire mais porte toutefois un discours sur la remise en question de notre mode de vie, du genre et de l’identité sexuelle ; et de notre manière de cohabiter avec les êtres-vivants. La cause antiraciste a également refait surface en 2019 avec le « projet 1619 » du New York Times qui a pour but de démontrer le poids de l’esclavage dans la société américaine actuelle.
Ainsi, si les causes défendues par le mouvement “woke” se sont multipliées, elles restent majoritairement portées par la jeunesse. Derrière cette expression se cache peut-être un clivage générationnel présent dans la société en général entre des personnes d’un certain âge ne comprenant pas les revendications d’une partie de la jeunesse actuelle. Cette expression, ou les mouvements qu’elle désigne, risquent-ils d’accentuer la fracture entre les générations ? Selon Pap Ndiaye, si les revendications militantes sont effectivement portées par les jeunes entre 18 et 29 ans, leurs aînés pourraient tout autant les suivre comme à Birmingham en 1963 pour les droits civiques.
Le terme « wokisme » (en français) est lui apparu récemment dans les médias, et s’est rapidement retrouvé dans la ligne de mire des polémiques. Là encore, la notion a évolué depuis son apparition, brouillant ainsi son sens initial. De nos jours, en France, l’expression est utilisée dans des milieux conservateurs pour dénoncer les militants radicaux des luttes féministes, écologistes et antiracistes et d’autres mouvements dits de gauche «progressiste».
L’utilisation de ce terme, devenu presqu’exclusivement péjoratif, révèle en réalité le positionnement politique des personnes qui l’utilisent. Le mot “wokisme” dénonce en effet certaines formes extrêmes de militantisme telle que la “cancel culture” ou « culture de l’effacement”. Cette idée qui s’inscrit dans une lutte féministe antiraciste ou LGBT, revient à dénoncer, boycotter, voire censurer un individu ou une œuvre parce qu’il ou elle a été jugé offensant. Par exemple J-K Rowling (auteure de la série de romans Harry Potter) a été victime d’une forme de “cancel culture” à la suite d’un tweet jugé transphobe. Ses livres ont par la suite été appelés au boycott.
L’utilisation du terme « wokisme », devenu presqu’exclusivement péjoratif, révèle en réalité le positionnement politique des personnes qui l’utilisent
Dans la sphère politique, le sujet fait évidemment débat. La maire de Rouen a ainsi été vivement critiquée pour avoir proposé de remplacer une statue de Napoléon (esclavagiste) par une statue d’une figure féministe, Giselle Halimi. On l’a accusé d’appliquer la “cancel culture” et de faire le procès anachronique de Bonaparte en ne prenant pas en compte les mentalités de l’époque.
Le wokisme un “nouvel obscurantisme” selon Jean-Michel Blanquer
Mais c’est sans doute le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer qui a pris position le plus clairement sur le sujet. Il décrit le wokisme comme «un nouvel obscurantisme», un danger pour la république : «Il faut savoir regarder ce qui vient saper la démocratie et la République : le wokisme fait clairement cela». Pourtant, rappelons que le sens originel de “woke” ne comporte en aucun cas un aspect antirépublicain.
Bien que très frontales, ces saillies du ministre ne définissent pas les contours de la notion. Pour le journaliste anglophone Simon Kuper, cette décrédibilisation des gens dits « woke » fait du wokisme « une insulte passe partout », un « concept vide ». Aujourd’hui plus personne ne se dit « woke ». D’après Clément Viktorovitch le wokisme a connu le même procédé que l’”islamogauchisme”, mot utilisé par les adversaires pour décrédibiliser les défenseurs d’une certaine idéologie antiraciste, islamophile, féministe, écologique, ect. Il note également que l’un des termes a remplacé l’autre dans sa fonction d’épouvantail.

Ainsi, la fracture tient plus à l’expression péjorative qu’aux mouvements eux-mêmes. On peut néanmoins parler de rupture avec un certain électorat conservateur, comme celui de Trump qui s’oppose en tout point au mouvement “woke”: négationnisme du réchauffement climatique, des violences sexistes et racistes. Une autre fracture au sein même de la jeunesse existe car une partie de celle-ci n’est pas politisée et est donc éloignée du wokisme.
Un « non-débat » : l’absence de réfutabilité ou de reconnaissance de l’autre point de vue
Ce débat, régnant au sein de la société, devient finalement insoluble. Aucun des deux points de vue ne veut envisager un compromis. D’un côté, celleux portant les revendications militantes défendent leurs valeurs sous une forme parfois extrême de militantisme et attendent une réponse urgente des dirigeant•e•s. De l’autre côté, les dirigeant•e•s refusent et repoussent cette forme, au nom des difficultés d’apprentissage et des dangers du « wokisme » supposément antirépublicain. L’opposition politique est frontale.
Cependant au-delà du débat politique s’impose tout d’abord des revendications sociétales. Comme décrit précédemment, toutes ces revendications portent des volontés de changement de mode de vie et de considérations sur notre environnement et identité sexuelle. Elles ne sont, à l’origine, aucunement politiques mais simplement le témoignage d’un monde en évolution. Comme l’exprime Charles Bimbenet, directeur des éditions Le Robert, « Définir les mots qui disent le monde, c’est aider à mieux le comprendre » . Ainsi, le pronom « iel » s’inscrit dans une suite logique d’ouverture à toutes formes de pensée et au respect de tout ce qui nous entoure, nature comme humain. Cependant, c’est ici que la différence de point de vue entre les deux partis se remarque. Les opposant•e•s à cette vision lui reprochent de nuire à la langue française en la complexifiant, en la rendant peu accessible pour une grande partie de la population. Selon iels, il n’est pas nécessaire de « triturer » la langue, considérée comme valeur nationale. Certain•e•s élu•e•s rejettent donc formellement ce nouveau pronom qui pourtant répond indubitablement à un besoin d’une partie de la population. Pour les militant•e•s, cela témoigne de la fermeture d’esprit de certaines personnalités politiques qui refusent d’entendre la voix du peuple.
Brigitte Macron a affirmé qu’il n’existe que deux pronoms dans la langue française « il » et « elle ». On peut se demander si les opposant•e•s à ce pronom ne feraient pas un amalgame entre la nation française et la langue française ? Si la langue française est majoritairement parlée en France, les cultures rattachées à cette langue sont nombreuses. Dès lors, les dirigeant•e•s français•es (ou leurs époux•ses !) ne peuvent décider ce qui peut ou ne peut pas entrer dans le dictionnaire ; le principe d’une langue vivante est que celle-ci évolue parallèlement à la société. Aujourd’hui, une partie de la société souhaite une langue plus inclusive dans laquelle toute personne pourrait mieux se reconnaître. Ainsi, refuser cette évolution reviendrait alors à exclure une partie de la population et à enfermer la société dans une sorte de conservatoire de valeurs fantasmées et/ou dépassées. Cependant pour qu’un maximum de personnes utilise cette écriture, il faudrait sans doute la simplifier. C’est finalement par la simplification que cette nouvelle forme d’écriture pourrait devenir véritablement inclusive.
Par Esther Bellanca-Penel, Lisa Bergaentzle, Clara Berthuit, Léa Cabrera, Livia Choulet, Emma Daboussi, Léonie Digny, Lily Oeuvrard, Nour Saidi et Ulysse Simonot
Sous la direction de Youri Aguilaniu