est une crise sociale, politique et intellectuelle français et européenne de la fin du XIXème siècle. 

Elle doit son nom à un officier juif de l’armée française : Albert Dreyfus, accusé à tort en 1894 de trahison au profit de l’empire allemand. Quand en 1898, le véritable coupable est acquitté et que parait l’article « J’accuse » d’Émile Zola dans l’Aurore, en soutien à Dreyfus, « l’Affaire » devient une crise majeure qui scinde la société française en deux. 

D’un côté les dreyfusards (dont E. Zola, J. Jaurès, G. Clémenceau, L. Blum…) défendent l’innocence de Dreyfus et réclament la révision du procès. Ils prônent une justice impartiale en se revendiquant des droits de l’homme. De l’autre les antidreyfusards, marqués par un nationalisme et un antisémitisme en pleine croissance (comme M. Barrès, E. Drumont, Ch. Maurras, …) l’accusent, et ne veulent pas d’une révision de procès qui pourrait ternir l’image de l’armée déjà mise à mal depuis l’humiliante défaite de 1870. 

Au-delà du simple cas Dreyfus, d’autres clivages de la société ressurgissent avec une grande force. Dans l’armée, les nouveaux officiers issus de l’école polytechnique, crée sous la Révolution (dont fait partie Dreyfus) viennent concurrencer les officiers issus de la voie royale de l’école de Saint-Cyr, plus massivement monarchistes, et qui méprisent ouvertement la République. Plus généralement, l’Affaire oppose les partisans d’une République à des courant conservateurs monarchistes (royalistes ou bonapartistes).

Le débat s’est très largement diffusé dans toute la société montrant la vigilance politiques des hommes non-politiques. On peut donc affirmer comme l’historien Vincent Duclerc que « la société démocratique et l’État républicain se sont forgés dans cet affrontement essentiel qui a mis l’égalité au centre de la cité ».