• L’antijudaïsme au Moyen Âge

L’idée d’un complot juif remonte au moyen âge, et ne touchait pas exclusivement les juifs, mais aussi d’autres minorités, et notamment les lépreux, les romanichels, les vagabonds, … Il s’agissait d’accuser ces minorités de porter atteinte secrètement à la sécurité de la communauté majoritaire, souvent en mettant du poison dans les puits, en se nourrissant du sang d’enfants chrétiens, en violant de jeunes chrétiennes, etc. Il faut noter que l’accusation de viol de chrétiennes ne condamnait pas l’atteinte au corps d’une femme, mais au fait qu’il revenait à « souiller » une chrétienne, à la contaminer et par là, à contaminer la communauté. 

Une question est essentielle : pourquoi ces croyances populaires portaient-elles sur les juifs ?

Sans entrer dans le détail, on touche ici à un discours orchestré par l’Église catholique en pleine affirmation de son pouvoir, et qui dépeint le judaïsme comme la « religion déicide » (les juifs ont fait tuer le Christ). De plus, des rumeurs accusent le Talmud (commentaires rabbiniques de la Torah ayant une valeur sacrée) d’incitations à la violence envers les chrétiens, ce qui décuplent les théories du complot. 

Quoiqu’il en soit, si la logique conspirationniste est réelle, les discours contre les juifs au moyen âge, les mesures discriminatoires (port de signes distinctifs, expulsions, etc.) relèvent de l’antijudaïsme(contre la religion juive) et non de l’antisémitisme(contre le peuple) qui apparait au XIXème siècle.

  • L’antisémitisme au XIXème

Sans revenir sur la chronologie, le XIXème siècle est l’époque où l’antisémitisme se révèle, nourri par un discours complotiste qui explose en France lors de l’affaire Dreyfus, même s’il existait avant. Les deux arguments développés ci-dessus (économique et politique) font du « juif » (laïcisé) la figure du profiteur des plaies du capitalisme et de la République. Des familles de riches banquiers juifs comme celle des Rothschild sert de support à cette théorie. Ce discours permet de séduire à la fois l’extrême droite conservatrice, catholique et parfois royaliste (Drumont, Mauras, Barrès, …) et l’extrême gauche anticapitaliste.

Ce discours, qui touche de même façon les Francs-maçons est repris de nos jours avec la même force.