« Je serai le plus grand créateur d’emplois que Dieu ait jamais créé ! » (2016)

« J’ai toujours eu un très bon rapport avec les Noirs!  » (2011)

« Une partie de ma beauté, c’est que je suis très riche » (2016)

Sans même le nommer, il est aisé de reconnaître l’auteur de ces citations tant le style de l’ancien président américain est unique. Au-delà de son parler, la présidence Trump a soulevé autant d’indignations que de questionnements, à commencer par celui concernant son succès, sa popularité. 

Trump raciste, Trump misogyne, Trump aux élans anti démocratiques, Trump scandaleux, Trump nationaliste, etc. Au lendemain de sa défaite électorale, pour le moins houleuse, “Trump” demeure une nouvelle marque de fabrique de la politique mondiale. 

Que renferme ce nouveau “style Trump”? Est-il devenu un modèle politique suivi par d’autres dirigeants du monde? La question peut se poser en jetant un coup d’œil sur les Bolsonaro, Salvini, Orbán et autres Johnson… Cela nous invite à nous interroger: l’”évènement Trump” constitue-t-il une rupture, une révolution? Ou s’inscrit-il dans une histoire plus longue de crise de la démocratie américaine?

Un président choquant

Trump, Trumpism, Candidat, Narcissique, Déranger
Le 45ème président américain cristallise sur sa personne de nombreuses critiques.

L’atteinte à la démocratie

La présidence de Donald Trump semble tout d’abord avoir marqué les esprits par son opposition aux principes et institutions constitutifs de la démocratie américaine. Ses coups portés ont particulièrement touché la presse, pilier de tout système démocratique représentatif. En effet, les médias jouent alors un rôle important dans la communication des élus avec les citoyens. Ils transmettent les décisions, portent et supportent les messages politiques, véhiculent l’image des candidats et des élus, garantissent le pluralisme politique. Les médias sont alors le lien entre les dirigeants, les représentants et le peuple. Si le questionnement sur leur neutralité et leur nécessaire subjectivité est crucial en démocratie (voir notre précédent article), leur critique systématique paraît antidémocratique.

Connu pour sa haine envers les médias traditionnels, il n’a pas manqué, lors de chacune de ses apparitions publiques, d’insulter les journalistes présents ou de dénigrer leur travail. Maggie Haberman, correspondante du New York Times à la Maison Blanche a ainsi expliqué sur Twitter : « Quand il se bat avec les journalistes, il tente de détourner l’attention lorsqu’il ne veut pas répondre à une question. » En effet, lorsqu’un journaliste pointe du doigt les failles de sa façon de gouverner, il leur répond qu’un président n’a jamais fait autant pour l’Amérique, puis reproche aux médias d’être agressifs, pessimistes,  de déformer ses propos voire de diffuser de fausses informations. C’est ce qu’il appelle les « fake news » une expression qui ne vient pas de lui mais qu’il s’est appropriée, au point d’en faire  presque un slogan. C’est pourquoi «plus personne ne fait confiance aux médias.» déclare-t-il lors d’une interview.

Caglecartoons.com

Son opposition aux médias dits « traditionnels » (journaux, TV, radio, etc) le mène donc à l’utilisation presque compulsive de son moyen de communication favori : les tweets. Ce choix de plateforme lui offre la plus grande spontanéité et proximité avec son audience. L’ancien président peut alors déclarer ce qu’il veut, quand il veut, au moment où il le pense. Dans ces tweets, l’ancien pensionnaire de la Maison Blanche fait preuve d’une grande grossièreté, vulgarité et immaturité, il est sans filtre. Le recours aux mensonges, dans la bouche d’un président, représente un danger pour la démocratie. Le Washington Post a même comptabilisé 30573 fake news du président durant son mandat!

« Mon compte Twitter est devenu tellement puissant que je peux forcer mes ennemis à dire la vérité »

Tweet, 17 octobre 2012
International New York Times

Misogynie

« Comment Hillary Clinton peut-elle satisfaire son pays si elle ne satisfait pas son mari ? » Cet exemple, qui en cache des centaines d’autres, révèle le caractère misogyne de l’ancien pensionnaire de la Maison Blanche. Dans toutes ces sorties sur les femmes, il affiche une vision simpliste, extrêmement conservatrice des rapports homme-femme. Dans ses discours, ou tweets, les femmes sont presque systématiquement ramenées à une dimension sexuelle qui permet de les présenter comme rabaissées. Ainsi, pour évoquer les infidélités de l’actrice Kristen Stewart à son compagnon Robert Pattinson, Trump analyse: “Elle l’a trompé comme une chienne et elle le refera.”

Quand les femmes ne sont pas réduites à des objets sexuels plus ou moins dépassés, elles sont qualifiées par leur origine. Ainsi, la sénatrice démocrate Elisabeth Warren fut qualifiée de “Pocahontas” en raison de ses origines amérindiennes.

Mais il s’agit là d’un autre trait du style Trump: le racisme décomplexé.

San Francisco, CA - January 20, 2018: Unidentified participants in the Women's March.  Designed to engage and empower all people to support women's rights, and to encourage voting in 2018 election.
« Super, insensible, fragile, raciste, sexiste, nazi, « boire » : ivrogne? (lat.) »

Racisme

«Stand back, stand by! », «reculez mais tenez vous prêts » c’est la consigne donnée par l‘ancien président aux «Proud boys» un groupe de suprématistes blancs d ‘extrême droite qu’il refusa de condamner pour leurs actions et idéologie antisémites et racistes. A plusieurs reprises, Donald Trump a ouvertement communiqué son soutien à des groupes revendiquant ces idéaux. Sa misogynie, sa xénophobie, son racisme et son homophobie font partie de son personnage . Ses tweets et autres déclarations publiques choquantes ne se privent pas de discriminer différentes minorités, qu’elles soient ethniques, religieuses ou sexuelles.

C’est en réalité une des raisons de son succès: Donald Trump semble se détacher du modèle de l’Homme politique ordinaire. Mais comment? Son électorat l’aime car il diffère de l’image du politicien classique. On utilise souvent le terme de populisme pour qualifier la politique de Trump. Cette notion complexe et polysémique peut être définie comme un mouvement ou une stratégie politique se réclamant proche d’un « peuple » perçu comme homogène et opposé aux élites et aux systèmes. Les discours populistes consistent souvent à dire aux gens ce qu’ils veulent entendre en les victimisant, et en simplifiant un message afin de le rendre plus accessible voire séduisant. Pour Pierre Rosanvallon, sociologue et historien, le populisme est une “pathologie propre à la démocratie” puisqu’il s’adresse à un peuple Un, homogène, alors que la démocratie revient à prendre conscience de la diversité d’une société pour réaliser des compromis acceptables par tous. L’auteur fait également remarquer que les mouvements et régimes populistes se distinguent par leur aversion des cours constitutionnelles et autres institutions indépendantes, qui par essence, sont les garantes des droits de tous et de chacun.

Le populisme est une pathologie propre à la démocratie

Pierre Rosanvallon

Pour Pascal Ory, « Le populisme est une droite radicale dans un style de gauche radicale. Ses valeurs sont clairement celles de la tradition de droite : vitalisme, inégalitarisme, autorité, à quoi il ajoute la captation d’une grande valeur venue de la gauche à savoir la Nation, qu’il retourne comme un gant : on passe de la « Grande Nation » façon 1792, ouverte et libératrice, au « nationalisme », fondé sur la fermeture xénophobe et, en interne, sur le clivage entre « bons » et « mauvais » ressortissants de la nation considérée. »
Selon l’historien,« le populisme est même une extrême droite, par la violence de ses attaques contre les institutions établies, et, au premier chef, les institutions parlementaires. Mais cette extrême droite emprunte à son profit des programmes et des pratiques venues de l’extrême gauche : l’appel au peuple, donc, et la critique des élites, le sens du parti de masse, qu’on l’appelle « ligue » ou autrement, la préoccupation du « petit » contre le « gros » et la promesse de l’« extinction du paupérisme », pour reprendre la formule de Louis-Napoléon Bonaparte. »

Ainsi, Donald Trump suscite un vote d’adhésion, il se veut proche du peuple, un peuple blanc, républicain (au sens du parti politique américain), le voyant comme celui qui se démarquera des autres. Certains vont même plus loin, comme les militants conspirationnistes du mouvement QAnon, qui voient en Trump celui qui détruira un complot des gouvernants du monde.

Un modèle politique anti républicain?

Eléments caractéristiques d’un succès démocratique

Si la présidence Trump a créé des émules dans la classe politique mondiale, c’est que certaines de ses caractéristiques ont fait mouche et se montrent incroyablement efficaces dans le jeu démocratique. Au premier rang de ces caractéristiques, il y a son style.

Donald Trump est un président qui se démarque, on l’a dit, par un style reconnaissable et fort. Caractérisé par un franc parler, une vulgarité presque systématique et un ton de voix transpirant un air de supériorité, le « style Trump » s’observe dans chaque prise de parole du 45ème président des Etats-Unis. Le président et l’orateur théâtral et franc sont deux figures indissociables du “personnage Trump”. Son caractère et sa méthode de communication mettent en lumière alors un paradoxe remarquable : d’une part, l’ex président se présente comme proche du peuple avec des expressions populaires et des prises de paroles s’abstenant de discours ampoulés, qui ne marquerait que la différence entre le représentant et le peuple. Cela constitue un atout majeur de ses apparitions publiques car elles permettent de lever les barrières entre l’exécutif et les Américains. Également, son franc parler s’opère quand il s’adresse aux pays étrangers. C’est un homme d’Etat qui dit ce qu’il pense sans aucune barrière. Sa confiance en lui, son égo le mène à « attaquer » les dirigeants étrangers en signe de provocation. Cette façon de ne pas avoir peur de dire ce qu’il pense et cette franchise démesurée sur n’importe quel sujet, placent Donald Trump dans les rangs favorables de l’opinion publique.

Je ne veux pas utiliser le mot « niquer », mais j’ai bien niqué Kadhafi »

D. Trump sur Fox News, mars 2011

La richesse, le pouvoir, le côté “m’as-tu vu?” sont une autre caractéristique à succès de la présidence Trump. Donald Trump est avant tout un homme d’affaires issu de classe sociale supérieure et se plaçant parmi les hommes les plus riches du pays. Le paradoxe réside par conséquent dans le fait qu’il affiche une proximité avec le peuple mais qu’il vit dans une réalité bien éloignée des classes populaires. De plus, même dans sa politique il se distingue par une tendance à privilégier les personnes fortunées et riches aux personnes dans le besoin et les minorités. Il ne cache aucunement sa fortune et vient même la surexposer aux yeux du monde entier. De cela, nous pouvons observer un décalage entre ce qu’est Donald Trump et ce qu’il représente pour les classes populaires. 

Du point de vue français, l’homme politique apparaît comme un héritier d’une grande fortune familiale. Alors que d’un point de vue américain, il représente la réussite à l’américaine. A l’origine de l’engouement des classes populaires s’explique par le fait que monter en haut de l’échelle sociale est considéré comme une réussite et un projet de vie victorieux. C’est pourquoi Donald Trump représente « le rêve américain », il est celui qui, bien que vulgaire et proche du peuple, peut atteindre la richesse économique et le pouvoir. Il crée un espoir et conforte le divorce d’une partie de la population américaine avec ce qu’il nomme “le système”. 

Son côté anti-système ressort donc par sa vulgarité et son style qui le classe en dehors des conventions. 

Autre trait marquant par son efficacité : le fait de s’attaquer au “système”, aux institutions, et la remise en question de tous les avis divergents des siens. Le “système” est une expression qu’il utilise souvent mais qui a une définition assez floue. Le terme désigne à la fois l’organisation de l’État, ses institutions, les personnes riches, et toutes les élites. Il prétend ainsi mener une grande révolte, guidé par une poussée révolutionnaire contre le “système” américain. Ce “système” est politique, médiatique, économique. Comme on le voit, le flou de la notion de système nous fait penser que c’est peut être l’attaque en soi qui est la clef de la réussite du style Trump, plus que l’objet attaqué.

Tentative de comparaison

Leaders « populistes »: Donald Trump (Etats-Unis), Jaïr Bolsonaro (Brésil), Boris Johnson (Royaume Uni), Matteo Salvini (Italie), Viktor Orbán (Hongrie), Rodrigo Duterte (Philippines), Receep Tayyip Erdogan (Turquie), Narendra Modi (Inde), …

Nous avons tenté de dresser une comparaison entre Donald Trump et deux autres dirigeants politiques dits « populistes » arrivés au pouvoir en 2019. En retenant quelques caractéristiques récurrentes de leurs discours (dont la liste ne saurait être exhaustive), nous avons voulu cerner certains points de convergence entre leurs politiques.

* : Populisme : Terme le plus souvent péjoratif. Discours politique s’adressant aux classes populaires, fondé sur la critique du système et de ses représentants. 

** : Discours anti- État et s’opposant à ses institutions, mais parallèlement, intervention de l’État dans l’économie (protectionnisme économique: hausse des barrières douanières et taxe des produits importés de Chine et de l’UE notamment). C’est l’« America first »

L’“évènement Trump”: rupture dans l’histoire de la démocratie ou suite logique d’une crise?

Les influences de Donald

Trump est donc vu comme une figure nouvelle, révolutionnaire de la vie politique, lui-même clame être un « self-made man ». Mais après quelques recherches, se dessine une influence et un modèle pris sur certaines personnalités américaines comme Andrew Jackson, Steve Bannon, ou encore Jess Ventura. Andrew Jackson fut le septième président des États-Unis (1829-1837), il était alors vu comme un espoir pour une « nouvelle Amérique » et Trump le considère comme le premier président populiste (au sens d’un président se souciant du peuple). Il fit d’ailleurs accrocher un portrait de lui dans son bureau ovale. Jackson était lui aussi vu comme un président « rompant avec ses prédécesseurs ». Alors que Trump refuse d’admettre sa défaite aux élections de 2020, Andrew Jackson en 1829 refusa de saluer le président sortant. 

File:Andrew Jackson portrait in Trump Oval Office.jpg - Wikimedia Commons
Portrait d’Andrew Jackson installé dans le bureau ovale par Donald Trump en 2017

Steeve Bannon est l’ex conseiller à la maison blanche de Trump, il a grandement contribué à son accession au pouvoir. Figure emblématique de l’extrême droite américaine, et caractérisé comme « le parfait méchant d’un film Hollywoodien », Bannon fut renvoyé de la maison blanche en 2017 pour des idéaux trop radicaux et fut arrêté en 2020 pour détournement de fonds. 

Enfin, le comportement et l’attitude de Trump peuvent même être comparés à un catcheur ayant le « mauvais rôle » dans un duel. Grossier, franc et brutal, Jess Ventura est un ancien catcheur et ami de Trump, il se fait lui aussi remarquer au début de sa carrière en participant à des émissions de télévision ou des publicités, et communique en grande partie grâce aux médias populaires. La façon de gouverner de Trump est, on l’a vu, prise comme exemple par certains gouverneurs d’extrême droite, elle fait mouche comme un catcheur sur un ring: Durant sa campagne victorieuse, le candidat Trump assénait: “Quand quelqu’un vous attaque, ripostez. Soyez Brutal, soyez féroce”.

Donald Trump, sur le point de raser le crâne du président de la fédération de catch (WWE), sur un ring, suite à un pari (2007)

Rupture ou continuité?

Pourtant, si l’on peut trouver des influences de l’ancien pensionnaire de la Maison Blanche, la première impression qu’il suscite est celle d’une rupture. Quand le 8 novembre 2016, Donald Trump fut élu 45e président des États-Unis face à Hillary Clinton, le choc fut violent pour toute la planète, suscitant parfois une incompréhension totale. Suite à une présidence comme celle de Barack Obama, la victoire de Trump a surpris tout le monde par son caractère fortement improbable. Pourtant, cette élection est une suite logique et directe de la crise de la démocratie qui sévit depuis plusieurs années dans la première puissance mondiale.

En effet, les valeurs premières de la république fédérale américaine (liberté, égalité et unité) ont rarement été aussi peu respectées. L’élection de Trump s’inscrit donc dans un temps plus long, c’est un symptôme d’un mal qui touche depuis longtemps le système politique américain. Cette dernière peut se constater et s’expliquer par différents facteurs. 

Tout d’abord par une crise des institutions politiques américaines. Depuis de longues années, on observe une bipolarisation de la vie politique américaine : seuls deux principaux partis s’affrontent à savoir les Républicains et les Démocrates. Cependant les Républicains penchent de plus en plus vers l’extrême droite américaine, notamment afin de capter d’autres mouvements contestataires comme le Tea party. La droitisation de ce parti amène davantage d’extrémisme et de discriminations ainsi qu’une expansion des théories du complot. 

Laurence Nardon, docteur en science politique et spécialiste des Etats Unis décrit également un accroissement du rôle de l’argent dans la société américain entraînant la fin de la possibilité d’accomplir le “rêve américain”. Ce rêve consiste à penser que nous pouvons atteindre des sommets par soi-même en partant de presque rien. Plus qu’un rêve, c’est une valeur fondamentale de la démocratie américaine. Or, dans les années 80, l’Etat mena une politique économique ultra-libérale qui entraîna la paupérisation d’une importante partie de la classe moyenne américaine. Le “rêve américain” devint de moins en moins réalisable. Trump a alors tenté de représenter lui-même ce rêve même si son histoire prouve le contraire. Une partie de la population l’a donc naturellement suivi, afin de retrouver cette valeur de moins en moins accessible depuis les années 80. 

Si l’”évènement Trump” s’inscrit donc dans une longue histoire de crise de la démocratie américaine, il faut souligner le fait que l’ancien président n’a eu de cesse de poursuivre et d’alimenter cette crise. Ses atteintes à la démocratie, ses discours discriminatoires, ses sorties sur les minorités, sur les femmes, sur les étrangers n’ont donc pas créé une séparation déjà présente depuis de longues années mais il a agrandi la scission qui fissure la société américaine.

Lors d’une crise, en l’occurrence celle de la démocratie, il est compréhensible qu’un président antisystème soit élu par un peuple qui souhaite une révolution. En effet, Trump a un discours révolutionnaire qui tend à marquer une rupture avec les derniers présidents. Les électeurs en quête de changements et de bouleversements se sont donc tournés vers lui. Pourtant, si Donald Trump a tenu un discours aux accents révolutionnaires, n’a-t-il pas fait la promotion d’une révolution conservatrice ? D’un retour impossible vers un âge d’or dont le déclin fut sa meilleure carte dans le jeu électoral? Par sa politique de fermeture au monde, son protectionnisme économique, par ses valeurs idéologiques, sa conception des femmes, des races, Trump est très profondément conservateur.

Par Esther Bellanca-Penel, Léa Cabrera, Livia Choulet, Léonie Digny et Lily Oeuvrard

Sous la direction de Youri Aguilaniu